La plus grande coalition djihadiste du Mali a annoncé qu'elle avait capturé un mercenaire russe du groupe Wagner

Le groupe proche de Vladimir Poutine aurait été engagé par la junte militaire du pays pour combattre les islamistes. Cette capture serait une représailles à un massacre perpétré le mois dernier par les Russes à Moura, au centre du pays africain

FILE PHOTO: Malian soldiers are pictured during a patrol with soldiers from the new Takuba force near Niger border in Dansongo Circle, Mali August 23, 2021. Picture taken August 23, 2021. REUTERS/Paul Lorgerie/File Photo

La plus grande coalition djihadiste du Mali affirme avoir capturé un combattant russe du groupe Wagner, la société de sécurité liée au Kremlin qui aurait été engagée par la junte militaire du pays.

La revendication a été faite dans une déclaration envoyée à l'AFP dimanche soir par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), bien qu'il n'ait pas fourni de preuves à l'appui de cette affirmation.

« Au cours de la première semaine d'avril, (nous) avons capturé un soldat des forces russes de Wagner dans la région de Ségou, au centre du Mali », a déclaré le GSIM.

Le groupe a déclaré que les Russes avaient participé à un massacre à Moura, dans le centre du Mali, le mois dernier, un événement dont les grandes lignes ont été rapportées par Human Rights Watch (HRW).

« Ces forces meurtrières ont participé avec l'armée malienne à une opération de largage sur un marché de la ville de Moura, où elles ont affronté plusieurs moudjahidines avant d'encercler la ville pendant cinq jours et de tuer des centaines de civils innocents », a-t-il indiqué.

C'est la première fois que le GSIM, une alliance liée à Al-Qaïda et au plus grand réseau djihadiste du Sahel, annonce la prise d'une opération Wagner.

Dans une autre opération, selon le communiqué du GSIM, « les mercenaires » ont effectué deux lancements de parachute à Bandiagara, dans le centre du Mali.

Les combattants djihadistes se sont emparés d'armes « aux mercenaires, qui ont pris la fuite », a-t-il dit.

Les États-Unis, la France et d'autres affirment que le Mali a engagé le groupe Wagner pour aider ses forces armées, qui luttent pour faire reculer une insurrection djihadiste qui dure depuis dix ans.

Le gouvernement du Mali, dominé par l'armée, affirme que les Russes du pays sont des instructeurs militaires. Il a également commencé à recevoir des hélicoptères de combat et des radars en provenance de Russie.

Selon HRW, des soldats maliens et des soldats étrangers blancs, qui ne parlaient pas français, ont exécuté 300 civils à Moura entre le 27 et le 31 mars.

Le Mali affirme avoir « neutralisé » 203 djihadistes à Moura. Les Nations Unies affirment que les autorités maliennes empêchent leurs enquêteurs d'accéder à la zone.

Le groupe Wagner a également été accusé d'abus en République centrafricaine.

Conflit brutal

De vastes régions du Mali échappent au contrôle du gouvernement en raison de l'insurrection djihadiste, qui a débuté en 2012 avant de s'étendre trois ans plus tard au Burkina Faso et au Niger voisins.

La France, ancienne puissance coloniale et alliée traditionnelle du Mali, est intervenue en 2013 et a déployé une force importante pour soutenir les forces armées maliennes.

Mais en février, il a décidé de retirer ses troupes après avoir combattu avec la junte militaire, notamment en raison de son approche du Kremlin.

Le pays du Sahel est dirigé par une junte militaire qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en août 2020.

La junte avait initialement promis de rétablir le régime civil, mais n'a pas honoré un engagement antérieur envers le bloc ouest-africain de la CEDEAO d'organiser des élections en février de cette année, ce qui a provoqué des sanctions régionales.

La semaine dernière, un document de l'armée et des responsables a indiqué qu'un citoyen russe opérant aux côtés de soldats maliens avait été tué par une bombe au bord d'une route au centre de l'État du Sahel ravagé par le conflit.

Une unité de l'armée malienne accompagnée d'un « conseiller russe » a frappé mardi dernier un engin explosif improvisé près de la ville de Hombori, selon un mémorandum militaire vu par l'AFP.

Il s'agit du premier décès confirmé de Russie au Mali.

Dimanche, l'armée malienne a annoncé la mort de six soldats lors d'attaques simultanées contre trois bases militaires dans le centre du Mali.

Le communiqué de l'armée a ajouté qu'un hélicoptère et deux véhicules ont également été endommagés.

Selon un document diplomatique vu par l'AFP, presque tous les hélicoptères militaires maliens sont actuellement pilotés par des Russes avec des copilotes maliens.

En général, le conflit au Mali aurait provoqué des milliers de morts parmi les militaires et les civils et aurait forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers.

La violence djihadiste s'est étendue du nord du pays au centre et au sud, où le conflit est également alimenté par les frictions ethniques et les bandes criminelles.

(Avec des informations de l'AFP)

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