Après sa victoire aux élections présidentielles françaises, Emmanuel Macron est obligé de « s'étendre et de s'unir »

Le centriste a réalisé sa continuité avec 58,5% des voix, bien qu'avec un pays fragmenté. Le président a promis de « donner des réponses » à l'humeur sociale avec une alliance gouvernementale élargie

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French President Emmanuel Macron gestures as he arrives to deliver a speech after being re-elected as president, following the results in the second round of the 2022 French presidential election, during his victory rally at the Champs de Mars in Paris, France, April 24, 2022. REUTERS/Benoit Tessier     TPX IMAGES OF THE DAY
French President Emmanuel Macron gestures as he arrives to deliver a speech after being re-elected as president, following the results in the second round of the 2022 French presidential election, during his victory rally at the Champs de Mars in Paris, France, April 24, 2022. REUTERS/Benoit Tessier TPX IMAGES OF THE DAY

Emmanuel Macron a remporté l'élection présidentielle. Entouré d'enfants et de proches, il est apparu hier soir, la Tour Eiffel derrière lui, en tant que président élu avec 58,5% des voix au scrutin, chargé de conduire la Ve République pour une nouvelle période de cinq ans. Cependant, malgré la défaite, ce résultat laisse à sa rivale, Marine Le Pen, une performance historique de l'extrême droite qui devient une option amicale avec 41,5% des appuis.

Le taux d'abstention proche de 29,5 % est le plus élevé depuis 1969. C'est sans aucun doute l'autre fait significatif de ces élections. Il représente la déconnexion, le découplage, d'au moins une partie des Français, avec la politique actuelle. Le premier défi pour le gouvernement réélu sera d'assurer la gouvernance, en établissant des accords lui permettant de surmonter la fragmentation visible du pays.

Macron, malgré le triomphe, a été attentif à cette faille hier soir. « Ce sont des temps tragiques », a-t-il déclaré sur la scène montée sur le Champs de Mars à Paris, cette fois en prêt pour les célébrations. Le président élu ne faisait référence ni aux traces laissées par la pandémie de Covid-19, ni à l'invasion russe de l'Ukraine. Le chef de l'État a pris note de l'humeur sociale.

Le réélu est « conscient » que de nombreux Français n'ont pas voté pour ses idées mais pour « bloquer l'extrême droite ». « Ce vote m'oblige », a-t-il dit, considérant que nous devrons « répondre » à ceux qui se sont abstenus ainsi qu'à la « colère et au désaccord » exprimés par les électeurs de Marine Le Pen. Et « travailler dans l'unité ».

Sur la base de ces indications, Emmanuel Macron devra réagir afin de ne pas aggraver encore les divisions. Dans les prochains jours, il devra nommer un nouveau Premier ministre alors que les élections législatives de juin sont en cours de préparation. Peut-il être un premier ministre par intérim ou un premier ministre avec une projection pour une victoire dans les législatures ?

En ce sens, l'autre vainqueur, en dehors de ce concours, quelqu'un que tout le monde observe depuis les résultats du premier tour, est le troisième de ce match : Jean Luc Mélenchon. La dirigeante de La France Insoumise s'est exprimée juste après que la challenger d'extrême droite eut reconnu qu'elle avait été battue : « Les sondages ont tranché, Marine Le Pen est battue. La France a clairement refusé de lui confier son avenir, et c'est une très bonne nouvelle pour l'unité de notre peuple. »

Le leader de la gauche populaire a ajouté que « M. Macron est le pire président élu de la Ve République. Sa monarchie présidentielle survit par défaut et sous la pression d'une élection biaisée »

Macron, qui porte cette faiblesse, prévient qu'il doit composer une majorité élargie. Arrêtez de vous pencher vers la droite, comme au premier trimestre. Twist, au moins légèrement, son cours vers la gauche. Cette réinstallation presque forcée pourrait jeter les bases qui lui permettront d'assurer la gouvernance tout au long de cette nouvelle période de cinq ans.

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« Tout doit être fait. » Ainsi Emmanuel Macron, au lendemain de la réélection, reconnaît au journal La Croix l'ampleur de la tâche qui l'attend. « Une victoire, mille défis », résume également la couverture du Telegram. Autre titre qui résume le moment, celui du journal Le Figaro : « Grande victoire, grands défis ».

Le Monde évoque quant à lui une « réélection sans état de grâce », notamment en raison d'une « abstention proche des records et d'une extrême droite qui dépasse pour la première fois la barre des 40% des voix ». La libération appelle à un grand « Merci à qui ? sur la tête du président, découpée en bas de page. « Macron réélu, victoire sans gloire », lit-on dans les pages intérieures du journal de gauche, où l'éditorialiste Paul Quinio énumère les dossiers à traiter, une mission qui résulte, selon lui, « souvent à contre-courant du quinquennat qui touche à sa fin ».

Le président a obtenu 58,54 % des voix, selon le décompte du ministère de l'Intérieur. Les élections présidentielles qui se sont terminées hier sont les douzièmes élections présidentielles de la Ve République française et la onzième tenue au suffrage universel direct, dans le but d'élire le président de la France pour un mandat de cinq ans. Cela confirme le désintérêt d'une partie de la société et le refus d'une autre de choisir entre les deux finalistes. La première pierre d'achoppement du nouveau mandat sera de reconstruire une France dont les profondes divisions se sont manifestées lors de ces élections.

Et maintenant ? Avec cette victoire, le président élu aura un acte d'investiture « réduit au minimum ». Si vous prenez l'exemple des réélections précédentes, résumées par le Conseil constitutionnel. Emmanuel Macron aura la possibilité de nommer son Premier ministre sans même attendre la cérémonie ou la proclamation des résultats, mais il peut aussi décider d'attendre quelques jours, selon les nouveaux accords de gouvernance ou la stratégie qui commence déjà par un vue aux femmes parlementaires en juin.

Une fois le gouvernement formé, les transferts de pouvoir auront lieu dans les différents ministères. Sans surprise, il occupera ensuite ses fonctions jusqu'aux élections législatives, prévues les 12 et 19 juin, à l'issue desquelles le cabinet, ainsi que le Premier ministre, risquent d'être remplacés. Dans l'intervalle, le chef de l'État peut agir par décret ou convoquer l'Assemblée en session extraordinaire.

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