Marine Le Pen, la dirigeante d'extrême droite qui a réussi à adoucir son image et est excitée à l'idée de devenir présidente de la France

S'il gagnait le scrutin et remportait les clés de l'Elysée, il couronnerait avec succès sa stratégie d'effacement de l'image extrémiste de son parti

Marine Le Pen, leader of French far-right National Rally (Rassemblement National) party and candidate for the 2022 French presidential election, gestures as she delivers a speech after partial results in the first round of the 2022 French presidential election are announced, in Paris, in Paris, France, April 10, 2022. REUTERS/Pascal Rossignol

Avec un discours axé sur le pouvoir d'achat et une image modérée par rapport à l'ultra Éric Zemmour, Marine Le Pen est sur le point de réaliser le rêve de l'extrême droite depuis des décennies : devenir présidente de la France.

« Je n'ai jamais été aussi proche de la victoire », a déclaré fin mars le candidat du Groupe national (RN), âgé de 53 ans, qui s'est incliné au second tour face au libéral Emmanuel Macron avec 33,9% des voix en 2017.

Cependant, la troisième fois peut être le charme. Bien que ce ne soit pas le favori, les sondages montrent qu'il est beaucoup plus proche de la victoire qu'il y a cinq ans.

Si elle gagnait les clés de l'Elysée, cette avocate couronnerait avec succès sa stratégie d'effacement de l'image extrémiste du parti puisqu'en 2011 elle a pris les rênes du Front national (FN) de l'époque, fondé par son père.

Jean-Marie Le Pen a déjà franchi le cap de la contestation du balotage en 2002, lorsqu'il avait perdu avec près de 18% des voix face au conservateur Jacques Chirac, mais avec une image de parti raciste, antisémite et nostalgique de l'Algérie coloniale.

Marine Le Pen a séparé les membres éminents de ces secteurs, dont son père, et d'autres ont rejoint les rangs de son rival Éric Zemmour, qui, selon les observateurs, cherche à relancer le FN traditionnel.

Lisser votre image

« La simple présence d'Éric Zemmour, perçu comme plus radical qu'elle tant sur le fond que sur la forme, a recentré mécaniquement l'image de Le Pen », a récemment tweeté Mathieu Gallard, analyste chez Ipsos France.

La candidate RN a également fait des efforts bpour adoucir son image pour laisser derrière elle le face-à-face chauffé avec Macron en 2017, dans lequel on lui reprochait son « agressivité » et son « manque de préparation ».

Le Pen « joue bien et en profite. Et, en plus, nous nous sommes habitués aux extrêmes », a déploré le ministre de l'Agriculture proche de Macron, Julien Denormandie, à propos de la montée en puissance de la candidate rivale à sa troisième élection présidentielle.

L'homme politique né le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine, ville riche à l'ouest de Paris, visite les marchés, grimpe aux tracteurs et donne des interviews intimes... pour se différencier de Macron, perçu comme « arrogant ».

Dans les interviews, elle se présente aussi souvent comme une agricultrice, un éleveur de chats, pour tenter de normaliser son image et de saper le « front républicain » des partis contre elle au second tour, selon un rapport de la Fondation Jean-Jaurès.

« Fondamentaux du FN »

Sa campagne s'est concentrée sur la critique de la hausse des prix de l'énergie, dans un contexte de crainte face à la perte de pouvoir d'achat, et sur le fait de s'assurer qu'il ne poussera pas l'âge de la retraite à 65 ans comme le propose Macron, mais à le porter à 60 ans dans certains cas.

Cependant, « son programme n'a guère changé par rapport aux fondamentaux du FN, comme l'immigration et l'identité nationale », a récemment déclaré à l'AFP Cécile Alduy, professeure à l'Université américaine de Stanford.

Parmi ses projets figurent la lutte contre les migrations et la lutte contre « l'idéologie islamiste » : réserver des prestations sociales aux Français, mettre fin au regroupement familial ou interdire le voile dans l'espace public, entre autres propositions.

« Mais il a choisi un vocabulaire différent pour le justifier : au nom de la laïcité et des valeurs républicaines, et même du féminisme », a ajouté Alduy, spécialiste du discours d'extrême droite.

Vêtue de couleurs claires et souriante tout le temps, elle a choisi de se présenter comme candidate à la « paix civile » et à « l'unité nationale », et cherche à « faire oublier la dureté de son programme », selon la Fondation Jean-Jaurès.

Marine Le Pen, blonde au caractère ferme et aux yeux clairs, se présente comme une « femme moderne » et célibataire. Cette mère de trois enfants a divorcé deux fois, séparée de son dernier partenaire et vit avec un ami d'enfance qu'elle a accueilli.

(Por Toni Cerdá, AFP)