La Cour suprême du Brésil a refusé d'extrader un homme d'affaires turc opposé à Recep Tayyip Erdogan

La plus haute instance judiciaire du pays a rejeté la demande présentée par le Gouvernement turc, estimant qu' « une partie des accusations » portées contre Yakup Sagar sont « clairement motivées par des considérations politiques »

FILE PHOTO: Turkish President Recep Tayyip Erdogan and Albanian Prime Minister Edi Rama (not picture) attend a news conference, in Tirana, Albania January 17, 2022 REUTERS/Florion Goga/File Photo

La première chambre de la Cour suprême brésilienne a refusé mardi à l'unanimité d'extrader l'homme d'affaires turc Yakup Sagar, opposant au gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan, qui l'accuse d'appartenir au mouvement Hizmet.

La plus haute instance judiciaire du pays a rejeté la demande présentée par le gouvernement turc, estimant qu' « une partie des allégations » contre Sagar sont « clairement motivées politiquement ».

Il a également déclaré qu' « il n'est pas prouvé » que le Hizmet, créé par le religieux turc Fethullah Gülen, est une organisation « terroriste », comme le prétendent les autorités de ce pays.

Sagar est accusé d'appartenir, avec 83 autres personnes, à ce mouvement qui, en juillet 2016, « aurait tenté un coup d'État armé contre le gouvernement turc, qui avait l'actuel président Erdogan comme premier ministre », a indiqué la Cour suprême dans une note.

En novembre dernier, le juge suprême Alexandre de Moraes, en charge de l'affaire, a ordonné la prison de Sagar à des fins d'extradition, mais après interrogatoire, il ne lui a imposé qu'une série de mesures de précaution.

El juez Alexandre de Moraes, de la Corte Suprema de Brasil (EFE/Joédson Alves/Archivo)

L'homme d'affaires, propriétaire d'une entreprise de vêtements à Sao Paulo, vit au Brésil depuis décembre 2016, avec sa femme et sa fille. En outre, il a obtenu le statut de réfugié plus tôt cette année.

Selon les autorités turques, Sagar serait responsable de la collecte de fonds qui serviraient prétendument à financer les « activités criminelles » de Hizmet, y compris « le bombardement des institutions de l'État turc ».

Toutefois, lors de l'audience de mardi, le juge De Moraes a souligné le caractère « politique » d'une partie des accusations et affirmé que le tribunal ne cautionne pas l'extradition d'un citoyen « s'il y a un risque qu'il soit jugé par des juges exceptionnels ».

« L'un des piliers de l'État de droit est l'indépendance du pouvoir judiciaire, qui doit être autonome et exempt de pressions, de coercitions et de persécutions », a-t-il dit.

Dans son vote, De Moraes a noté que « le gouvernement turc a arrêté 2 745 juges et procureurs pour des crimes présumés contre le gouvernement lui-même, servant de coercition psychologique sur les autres professionnels qui sont restés en poste ».

« Il est clair et honteux que le pouvoir judiciaire (turc) subit une attaque contre son autonomie et son indépendance. Le juge impartial est la sécurité du peuple contre l'arbitraire de l'État, et, dans ce cas, il n'y a aucune possibilité qu'il en soit ainsi », a-t-il dit.

En plus de rejeter la demande d'extradition, De Moraes a également révoqué les mesures conservatoires précédemment prises à l'encontre de Sagar.

(Avec des informations d'EFE)

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