Le pape François a parlé de Poutine sans le nommer : « Un homme puissant, enfermé dans des prétentions nationalistes anachroniques, provoque et favorise les conflits »

Lors de son voyage à Malte, le souverain pontife a fait allusion à Vladimir Poutine, quoique sans le nommer. Il a également dénoncé « les séductions de l'autocratie » et « les nouveaux impérialismes », qui font courir le risque d'une « guerre froide élargie qui pourrait étouffer la vie des peuples et des générations entières »

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Pope Francis sits during his visit at the Ta' Pinu National Shrine, on the island of Gozo, Malta, April 2, 2022.  Vatican Media/­Handout via REUTERS    ATTENTION EDITORS - THIS IMAGE WAS PROVIDED BY A THIRD PARTY.
Pope Francis sits during his visit at the Ta' Pinu National Shrine, on the island of Gozo, Malta, April 2, 2022. Vatican Media/­Handout via REUTERS ATTENTION EDITORS - THIS IMAGE WAS PROVIDED BY A THIRD PARTY.

Le pape François a condamné samedi à Malte l'invasion russe de l'Ukraine, où il envisage de se rendre à l'invitation du président ukrainien Volodymir Zelensky, et a appelé à une réponse « partagée » à l'urgence migratoire croissante.

Dans un discours prononcé au palais présidentiel de La Valette, au début d'une visite de deux jours sur cette île méditerranéenne, le Souverain Pontife a déploré le « vent glacial de la guerre » venant de « l'Europe de l'Est ».

« Certains puissants, tristement enfermés dans les revendications anachroniques des intérêts nationalistes, provoquent et favorisent des conflits », a-t-il ajouté dans une allusion sans équivoque au président russe Vladimir Poutine, quoique sans le nommer.

François a également dénoncé « les séductions de l'autocratie » et les « nouveaux impérialismes », qui font courir le risque d'une « guerre froide prolongée qui peut étouffer la vie des peuples et des générations entières ».

« Nous avions pensé que les invasions en provenance d'autres pays, les combats de rue sauvages et les menaces atomiques étaient de sombres souvenirs d'un passé lointain », a déclaré François aux responsables maltais de la nation insulaire méditerranéenne au début d'une visite du week-end.

El papa Francisco en Malta (REUTERS/Darrin Zammit Lupi)

À ce jour, il a évité de désigner nommément la Russie ou Poutine, conformément à la tradition vaticane qui consiste à ne pas appeler les agresseurs à maintenir les options de dialogue ouvertes. Mais les critiques de samedi à l'encontre de la puissante personnalité responsable de la guerre ont marqué un nouveau niveau d'indignation pour le pape.

Interrogé par la presse sur un éventuel voyage en Ukraine, le Saint-Père a répondu : « Oui, c'est sur la table ».

Le pontife argentin de 85 ans a été invité par Zelensky à jouer le rôle de médiateur dans les négociations entre l'Ukraine et la Russie, et à se rendre dans son pays envahi par les troupes russes depuis fin février.

Il a également été invité par le maire de Kiev, Vitali Klitschko, à « montrer sa compassion » envers le peuple ukrainien

Face au conflit en Ukraine, qui a poussé plus de 4,1 millions de ses habitants à fuir le pays, le pape a appelé à des « réponses larges et partagées ».

« Seuls certains pays ne peuvent pas supporter tout le problème, tandis que d'autres restent indifférents », a-t-il déclaré au président maltais George Vella et au corps diplomatique.

Outre la référence à l'Ukraine, il s'agissait d'une critique de la politique migratoire de l'Union européenne (UE), y compris de Malte, accusée de fermer ses ports aux Oenégés qui aident les migrants qui tentent de rejoindre l'Europe en traversant la Méditerranée.

La visita de Francisco a Malta sigue a las de sus antecesores Benedicto XVI en 2010 y Juan Pablo II en 1990 y 2001 (Vatican Media/­Handout via REUTERS)

Corruption

Samedi après-midi, le pape s'est rendu en bateau à Gozo (nord), l'une des trois îles habitées de Malte, où il présidera plus de 2 000 personnes à une prière au sanctuaire national Ta'Pinu.

Avant son départ, des canons ont été tirés de la forteresse et les cloches des églises de la capitale ont sonné.

La visite de François à Malte fait suite à celles de ses prédécesseurs Benoît XVI en 2010 et Jean-Paul II en 1990 et 2001.

L'histoire du pays est imprégnée de catholicisme depuis l'époque de Saint Paul, qui aurait eu un accident naval à Malte sur le chemin de Rome.

Environ 85 % des 516 000 habitants de Malte se déclarent catholiques, mais bien que le catholicisme soit inscrit dans la Constitution, sa présence a fortement diminué ces dernières années.

Dans son discours au palais présidentiel, le pape a opposé les vertus de « l'honnêteté, de la justice, du sens du devoir et de la transparence » à « l'inégalité et la corruption » qui affectent la réputation de Malte.

En effet, Malte garantit une partie de sa prospérité économique dans les secteurs des jeux en ligne, des sociétés « offshore » et des fameux « passeports en or » qui offrent résidence ou nationalité à de riches investisseurs dont la fortune a parfois des origines douteuses.

L'assassinat en 2017 de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui a choqué le pays et le monde entier, a ravivé les accusations de laxisme entourant ces fléaux modernes.

(Avec des informations de l'AFP et de l'AP)

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