Un procureur turc a demandé au tribunal de transférer l'affaire Khashoggi en Arabie saoudite

Il a fait valoir que l'affaire avait été retardée parce que les ordres du juge ne pouvaient pas être exécutés « parce que les suspects sont des étrangers »

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FILE PHOTO: A demonstrator holds
FILE PHOTO: A demonstrator holds a poster with a picture of Saudi journalist Jamal Khashoggi outside the Saudi Arabia consulate in Istanbul, Turkey October 25, 2018. REUTERS/Osman Orsal/File Photo

Un procureur turc a demandé jeudi à un tribunal d'Istanbul de clore l'affaire du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, brutalement assassiné dans la capitale turque en 2018, et de le transférer en Arabie saoudite, a confirmé sa fiancée turque.

« Le procureur a appelé, conformément au procès saoudien, au transfert de l'affaire à (l'Arabie saoudite) et à sa fermeture en Turquie », a écrit Hatice Cengiz sur Twitter après une audience devant le tribunal principal d'Istanbul.

» Le tribunal demande l'avis du ministère turc de la Justice. #Khashoggi #JusticeForJamal », a ajouté Cengiz sur le réseau social.

Selon l'agence de presse privée DHA, le procureur a déclaré que l'affaire « a été retardée parce que les décisions du tribunal ne peuvent pas être exécutées car les suspects sont des étrangers ».

La demande du procureur intervient alors que la Turquie cherche à dégeler ses relations avec l'Arabie saoudite, qui se sont aggravées après l'assassinat du collaborateur du journal américain The Washington Post au sein du consulat saoudien à Istanbul.

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PHOTO D'ARCHIVE : Le Comité pour la protection des journalistes et d'autres militants de la liberté de la presse organisent une veillée aux chandelles devant l'ambassade saoudienne pour commémorer l'anniversaire du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi au consulat du royaume à Istanbul, Washington, États-Unis. États-Unis, 2 octobre 2019 REUTERS/Sarah Silbiger/Photo d'archive

Le 2 octobre 2018, Khashoggi est entrée au consulat pour prendre des dispositions pour épouser Cengiz. Selon les autorités américaines et turques, un escadron saoudien qui l'attendait l'a étranglé et démembré son corps, qui n'a pas été retrouvé.

- « Terrible nouvelle » -

« Une terrible nouvelle », a déclaré Erol Onderoglu, représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, à la demande du procureur et a demandé au ministère de la Justice de la rejeter.

« L'affaire Khashoggi semble être victime d'un rapprochement diplomatique entre la Turquie et le royaume cette fois », a déclaré Saoudien à l'AFP.

L'assassinat a suscité l'indignation internationale et les agences de renseignement occidentales affirment que le prince héritier saoudien, Mohamed bin Salman, a autorisé le meurtre.

Le prince héritier a dit qu'il acceptait la responsabilité de l'Arabie saoudite dans cette affaire, mais rejette tout lien personnel. Riyad dit que c'était le travail d'agents qui ont agi de leur propre chef.

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On pense que le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman est celui qui a autorisé le meurtre. EFE/ Aitor Pereira/ ARCHIVES

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déclaré à l'époque que l'ordre de le tuer « venait des plus hauts niveaux » du gouvernement saoudien.

Insatisfaite du procès en Arabie saoudite, la Turquie a lancé sa propre enquête sur le meurtre et a traduit 26 Saoudiens en justice par contumace, dont deux amis proches du prince héritier.

- Insistez pour le procès -

Cengiz a déclaré dans un entretien accordé à l'AFP en février que la Turquie devait insister pour que justice soit faite à Khashoggi, « même si elle améliore ses relations » avec Riyad.

« Je ne pense pas que ce soit dans le meilleur intérêt de qui que ce soit de clore complètement l'affaire », a-t-il dit.

Interrogée pour savoir si elle était déçue, Cengiz a répondu : « Si on regarde ça du point de vue de la vraie politique (la position turque) ça ne me déçoit pas » et a ajouté que les pays ne sont pas gouvernés par des « émotions » mais par des intérêts mutuels.

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Hatice Cengiz, fiancée du journaliste saoudien assassiné Jamal Khashoggi, s'adresse aux médias après avoir assisté à un procès pour le meurtre de Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul, en Turquie, le 4 mars 2021. REUTERS/Murad Sezer/Photo

Mais elle a insisté sur le fait que « d'un point de vue émotionnel », elle est triste.

« Non pas parce que mon pays a fait la paix avec l'Arabie Saoudite et que l'affaire est close (...) mais au final, peu importe à quel point nous l'avons défendue (...) maintenant tout revient comme au début, comme si rien ne s'était passé. Je suis inévitablement déçue par ça », a-t-elle dit.

La Turquie, qui traverse une crise économique et a besoin de commerce extérieur et d'investissements, a demandé le soutien de ses rivaux régionaux tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré jeudi dans une interview télévisée que des « mesures concrètes » seraient bientôt prises pour normaliser les relations avec ces pays.

La prochaine audience dans cette affaire est prévue pour le 7 avril.

(avec des informations de l'AFP)

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