Le président tunisien Kais Said a annoncé mercredi la dissolution du Parlement, huit mois après l'avoir « temporairement » suspendu pour s'arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021.
Saïd a fait cette annonce lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale, qu'il préside, quelques heures après que les députés eurent organisé une session virtuelle du Parlement, malgré sa suspension, au cours de laquelle ils ont voté l'annulation des mesures exceptionnelles décidées depuis lors par le président.
Dans ce cas, 116 des 217 députés ont participé, et que la ministre de la Justice, Leïla Jaffel, a qualifié de « complot » contre la sécurité de l'État, et a donc ordonné l'ouverture d'une enquête contre les personnes impliquées.
Parmi les décrets adoptés figurent la destitution du Premier ministre Hichem Mechichi et la nomination de son successeur, Nedjla Bouden ; la suspension de la quasi-totalité de la constitution de 2014 et la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et son remplacement par un organe « temporaire ».
« Ceux qui tentent d'attaquer l'État ou de mener des combats internes doivent faire face aux institutions et aux pouvoirs qui les détourneront de leurs objectifs », a averti le leader ce samedi après avoir pris connaissance de l'initiative du Parlement, qui prévoit une deuxième session le 2 avril pour examiner les questions politiques, économique et sociale.
« J'annonce aujourd'hui, en ce moment historique, la dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple pour préserver l'État et son institution et préserver le peuple tunisien », a déclaré Saied dans une vidéo diffusée par la présidence.
Pour sa part, la puissante centrale syndicale UGTT - qui soutient les mesures exceptionnelles du président - a également rejeté cette réunion et accusé les parlementaires de « conduire le pays dans le conflit et la division politique ».
Dans une déclaration conjointe publiée ce samedi, 27 députés de différents groupes parlementaires ont exhorté les membres de l'hémicycle à assumer leurs responsabilités et à promouvoir un dialogue national entre les différents acteurs nationaux qui conduirait le pays à des législatives et présidentielles précoces. élections.
Après des mois de blocus politique, Said, élu fin 2019, a pris les pleins pouvoirs le 25 juillet après avoir destitué le Premier ministre et suspendu le parlement dominé par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha.
Avec les pleins pouvoirs, le président peut légiférer par décret, présider le Conseil des ministres et modifier les lois.
Les députés, y compris des représentants d'Ennahdha et des indépendants, ont appelé au cours de la session à organiser des élections législatives et présidentielles anticipées pour surmonter la crise politique et socio-économique.
Selon la feuille de route annoncée par Saïd à la fin de l'année, le pays devra organiser un référendum constitutionnel le 25 juillet - le premier de l'histoire du pays - et un référendum législatif prévu le 17 décembre.
(Avec des informations de l'AFP et de l'EFE)
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