Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mardi dans la capitale haïtienne de Port-au-Prince contre l'escalade des enlèvements et contre le Premier ministre, qu'elles dénoncent comme étant incompétent pour assurer la sécurité de la population face aux bandes criminelles.
« De nombreuses personnes dans la communauté haïtienne sont victimes de l'irresponsabilité de l'État », a regretté Robens Dorvil, participant à la marche citoyenne.
« Nous en avons assez d'être abattus, d'être kidnappés : nous demandons à M. Ariel Henry, comme il a montré qu'il était incapable, de quitter le pouvoir », a déclaré le manifestant, exigeant la démission du premier ministre.
Haïti est, depuis des mois, sous le règne de gangs dont le règne s'étend bien au-delà des quartiers défavorisés de Port-au-Prince.
« Selon les alertes que nous recevons, nous disons qu'entre cinq et dix personnes sont enlevées chaque jour, avec des pics pouvant atteindre 20 par jour », a déclaré Marie-Rosy Auguste Ducéna, militante au sein du Réseau national pour la défense des droits de l'homme.
« Le département de l'Ouest (où se trouve la capitale Port-au-Prince) est devenu un labyrinthe de criminalité », a déploré l'avocat.
En réclamant des rançons de plusieurs milliers de dollars, et parfois même des centaines de milliers aux familles de leurs victimes, même aux bandes armées les plus pauvres, ont imposé un climat de terreur dans la principale ville d'Haïti, où les rues sont désertes dès la tombée de la nuit.
Les citoyens sont obligés de se débrouiller seuls, car selon certaines allégations, des enlèvements sont commis par des personnes portant des uniformes de la Police nationale haïtienne.
De son côté, un manifestant a été abattu par la police et un avion a été incendié après que des centaines de personnes eurent accédé mardi à l'aéroport de la ville haïtienne des Cayes (sud-ouest) et causé des dommages aux installations du terminal.
Lors de la manifestation, des dizaines de manifestants ont grimpé sur le fuselage et les ailes d'un bimoteur, l'ont poussé hors de l'aéroport et y ont mis le feu.
Un manifestant a été abattu, après que des policiers ont tiré et tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser le rassemblement.
Les événements à l'aéroport des Cayes se sont déroulés dans le cadre d'une journée nationale de mobilisation, convoquée par des organisations civiles pour protester contre l'insécurité et contre la vague d'enlèvements dans le pays.
Aux Cayes, des militants protestaient également contre la récente hausse des tarifs aéroportuaires, qui a considérablement augmenté le coût des vols intérieurs.
L'avion est devenu pratiquement le seul moyen de transport sûr entre Les Cayes et Port-au-Prince.
Presque personne n'ose se déplacer par la route car un gang armé contrôle le quartier de Martissant, à l'entrée sud de la capitale depuis environ un an.
Lors de la manifestation à l'aéroport, certains des manifestants qui sont montés à bord de l'avion ont brandi un drapeau de la Russie, un pays qui reçoit le soutien de certains secteurs en Haïti au détriment des États-Unis.
Haïti traverse une grave crise institutionnelle, sécuritaire et économique depuis 2018, mais la situation s'est détériorée surtout depuis l'assassinat.
(Avec des informations de l'AFP et de l'EFE)
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