L'une des histoires racontées par le philosophe et historien Michel Foucault (Poitiers, 1926) parle d'un célèbre patricide qui a secoué la France en 1835. Lors d'un séminaire au Collège de France, le brillant écrivain a rassemblé, reconstitué et commandé tous les documents juridiques et journalistiques de l'époque qui parlaient des multiples homicides commis par le jeune Pierre Rivière.
Foucault a commencé dans l'après-midi à recueillir toutes les informations de l'affaire et à raconter avec une extrême précision tous les actes du garçon de 20 ans qui a cruellement tranché la gorge de sa mère et de ses frères.
Dans son livre « Moi, Pierre Rivere. Ayant massacré ma mère, ma sœur et mon frère », publié par la fable Tusquets, Foucault ordonne chronologiquement les faits de l'affaire, ce qui attire l'attention de l'écrivain (également psychologue et sociologue) en raison de sa relation avec la psychiatrie et la justice pénale.
Le crime dans la maison des Rivières a été signalé le 3 juin 1835, lorsque les autorités ont arrêté Pierre, après avoir retrouvé les corps sans vie de sa mère, de son frère et de sa sœur.
Les victimes sont Victoire Brion, épouse de Pierre-Margrin Rivière, et les deux enfants du couple. Presque immédiatement, il est décidé que le meurtrier était son propre parent, qui avait alors un peu plus de 20 ans.
Les médias de l'époque reflétaient l'horreur de la société face à l'image du jeune parricide, diagnostiqué plus tard avec un trouble mental. « Cela n'a jamais semblé normal du tout, voyant que son père était victime des enchevêtrements constants de sa femme, voulant le libérer, il s'est rendu chez sa mère ce matin-là et armé d'une faucille l'a tuée », explique l'un des jugements de l'affaire.
Le 9 juin 1835, Pierre a été interrogé dans le seul but de savoir pourquoi il avait tué sa mère (qui était enceinte de sept mois et qu'il a brisée en deux avec une faucille) et ses deux frères, Victorie et Jules, et il a répondu : « Parce que Dieu m'a commandé de justifier sa providence ; ils étaient unis ».
« Tous les trois ont accepté de persécuter mon père », a-t-il répondu, ayant souligné qu'il avait appris cela de la Bible.
Au cours de l'histoire, il est décrit comment les habitants du village, situé dans le nord de la France, affirment qu'il s'agit d'un fou qui a toujours montré un comportement « étrange ».
Dans les mémoires de Pierre Rivière, il explique en détail pourquoi il a tué les éléments de sa famille :
« Quand mon père est allé travailler là-bas, elle lui a exprimé toute son aversion ; il a essayé de la conquérir, il a dit : puisque tu ne voulais pas rester avec moi, tu veux que je vienne vivre ici avec tes parents ? » , ce à quoi la mère de Pierre n'a fait que répondre : « que chaque année je lui apporte l'argent qu'elle a gagné pour le gérer comme elle le voulait ». Face à cette réponse, Pierre mentionne qu'il a tué sa mère à cause de la mauvaise façon dont il a traité son père, la sœur pour avoir suivi les idéaux de sa mère et son petit frère ou parce qu'il les aimait tous les deux.
Ce texte de Michel Foucault distingue bien le même fait face aux différentes explications du crime et à la manière dont il est interprété par les différentes formes qui codifient dans l'opinion publique : juridique, médicale, policière et journalistique.
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