Des experts du climat examinent des solutions, après avoir été avertis

Comment arrêter le changement climatique, qui touche l'ensemble de l'humanité ? En date de lundi, près de 200 États examinent la gamme de solutions pour réduire les émissions, dans un contexte de guerre en Ukraine qui illustre la dépendance aux énergies fossiles.

Les experts climatiques de l'ONU (GIEC) ont une fois de plus mis en garde contre les conséquences du réchauffement climatique dans un rapport publié il y a plus de trois semaines, dans lequel ils avertissaient que près de la moitié des habitants de la planète sont déjà « très vulnérables » au phénomène.

Le nouveau chapitre de ce vaste rapport, celui des propositions, doit être achevé d'ici le 4 avril.

« Dans l'ensemble, le message est que la science est limpide, que les impacts sont coûteux et croissants, mais que nous avons toujours la possibilité d'éviter le pire si nous agissons maintenant », a déclaré à l'AFP Alden Meyer, analyste à l'E3G Reflection Center.

« Ce rapport nous dira ce dont nous avons besoin si nous sommes sérieux à ce sujet », a-t-il ajouté.

Le premier chapitre, publié en août 2021, a exposé l'accélération du réchauffement. Le seuil de +1,5 °C pour l'ère préindustrielle - l'objectif le plus ambitieux de l'Accord de Paris - pourrait être franchi d'ici 2030.

Le deuxième chapitre est celui qui détaille de manière pessimiste les conséquences pour les humains.

À partir de lundi, et au cours de deux semaines de débats couvrant des milliers de pages, les experts passeront en revue tous les scénarios possibles pour enrayer le phénomène, répartis en grands secteurs (énergie, industrie, agriculture) sans oublier le degré d'acceptabilité sociale et le rôle des technologies dans l'absorption et le stockage carbone.

« Beaucoup de choses ont changé » depuis le dernier cycle d'évaluation du GIEC, explique à l'AFP Taryn Fransen, du World Resources Institute.

L'accord historique de Paris a été signé en 2015, et les scientifiques, soutenus par les médias et les organisations non gouvernementales, ont souligné à plusieurs reprises les événements météorologiques les plus extrêmes, des sécheresses aux inondations.

- « Inflammable » -

Si « nous savons ce que nous devons faire depuis longtemps », atteindre les objectifs de l'Accord de Paris ne signifie pas « suivre un seul chemin », explique Taryn Fransen.

Le rapport « présentera différentes voies, puis ce sera à nos dirigeants de le prendre au sérieux » en fonction de leurs contextes nationaux, ajoute-t-il.

Les signataires de l'Accord de Paris se sont notamment engagés à accélérer leur découplage des énergies fossiles lors de la dernière réunion internationale de l'ONU (COP26).

Les propositions contenues dans le rapport du GIEC constitueront également « une information importante dans le débat en Europe et aux États-Unis sur la sortie du gaz et du pétrole russes », souligne Alden Meyer, qui espère que « à long terme » la guerre en Ukraine « donnera plus d'élan » à la décision collective de abandonner le pétrole et le gaz.

L'invasion de l'Ukraine a fait irruption dans les débats de février au sein du GIEC.

La séance plénière a été marquée par une déclaration enflammée du chef de la délégation ukrainienne.

« Le changement climatique provoqué par l'homme et la guerre en Ukraine ont les mêmes racines : les combustibles fossiles et notre dépendance à leur égard », a déclaré Svitlana Krakovska, selon des sources de la réunion.

Le débat autour des mesures de lutte contre le réchauffement risque de s'intensifier encore au cours des deux prochaines semaines, compte tenu de la hausse imparable du prix du baril de pétrole et de la menace qui pèse sur les approvisionnements en gaz en Europe.

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